Penser l’avenir de  l’Almanarre et de la route du sel

oui mais… avec celui des eaux traitées par la station d’épuration du Palyvestre

 
La station d’épuration du Palyvestre mise en service et rénovée,  traite les eaux usées des communes de Hyères et de Carqueiranne.  Elle est prévue pour une capacité de traitement des eaux usées maximum de 120 milles équivalents habitants. L’usine est équipée d’un traitement permettant d’épurer les eaux à plus de 90 %. Un traitement tertiaire biologique (telles la phytoépuration et/ou le lagunage), permettrait d’en améliorer les résultats pour différentes réutilisations.

Actuellement sur le littoral varois ce sont des dizaines de millions de m3 d’eau douce qui partent à la mer chaque année, et qui pourraient potentiellement être réutilisés à court ou à moyen terme.

Ces déversements par des émissaires en mer à quelques encablures des rivages entrainent une baisse de la salinité et donc une dénaturation du milieu marin, ce qui  pose la question de la disparition de la végétation sous-marine et donc de son effet anti-houle, notamment dans le Golfe de Giens où le diffuseur n’est qu’à 1,5km de distance de la plage de l’Almanarre et à 15 m de profondeur au droit de sa partie la plus fragilisée par les éléments naturels . Ceci est signalé dans la littérature scientifique ( cf J-M Beynet, 2020 Ces îles de Méditerranée qui n’en étaient pas il y a 20 000 ans  )   

Afin de souligner ce sujet, il serait plus qu’opportun pour notre groupe d’invoquer le  REUSE. Ce dispositif consiste à récupérer les eaux traitées dans les stations d’épuration pour les réutiliser sans les rejeter dans les milieux naturels, comme c’est encore le cas  sur de nombreuses stations littorales, y compris en zone Natura 2000 en mer dans le Var.

Il reste qu’en France, et comme l’envisage l’Europe, les eaux usées traitées sous certaines conditions, peuvent servir à l’irrigation agricole et à l’arrosage des espaces verts, et ce  depuis 2010.  Ainsi, depuis mars 2022, un décret autorise de nouveaux usages urbains comme le lavage de voirie ou l’hydrocurage (nettoyage des canalisations).  Sur notre territoire littoral nous pourrions l’étendre au besoin des lavages de bateaux, à la sécurité incendie, etc..


De nos jours, 11 % de la population mondiale est touchée toute l’année par le phénomène de rareté en eau. Ce taux atteindra 30 % en 2030.

 
L’article L.212-1 de notre Code de l’Environnement indique : « L’eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d’intérêt général ».
Les nombreuses stations du littoral varois avec rejet en mer par émissaire, et à fortiori celles au droit du Natura 2000 en mer, depuis Hyères jusqu’à Ramatuelle , apparaissent comme outils majeurs pour répondre à ces enjeux. Dans le cadre du protocole d’expérimentation Etat-Région, signé Var Eau 2050 en novembre 2022, la Région SUD a lancé officiellement en 2023 une expérimentation régionale pour la réutilisation des eaux usées traitées. Il serait pertinent que les institutions dont c’est la compétence , telle MTPM pour l’émissaire dans le Golfe de Giens de la STEP du Palyvestre , s’associent pleinement à ce cadre expérimental.

POUR UNE STRATEGIE GLOBALE D’ECONOMIE CIRCULAIRE TERRE MER

Concernant l’Almanarre, face au danger avéré de submersion, et suivant l’hypothèse d’un recul stratégique de la route du sel vers le quart nord-ouest visiblement en friche des Salins des Pesquiers, il conviendrait d’examiner,

– parmi les solutions alternatives à l’émissaire actuel-, celle d’une reconversion hybride au Sud et au Nord de la D42, à savoir :

– 1 la reconversion partielle de ce potentiel espace tampon des salines en friche en un « parc solaire épurateur » afin de réaliser un traitement tertiaire d’une partie  des eaux de la STEP, déclinant ainsi le dispositif pionnier de lagunage tertiaire déjà en place depuis longtemps sur l’Île de Porquerolles.

Nota  : Ce principe de ménagement est de la même veine que celui  promu dans un projet primé récemment par la Fondation Rougerie (cf vue perspective 1 ci-dessous).

 parc épuratoire prix fondation rougerie.jpg

– 2 la réalisation simultané d’un grand projet de reconversion et de régénération d’un vaste espace anthropisé comprenant la décharge inerte et la ZNIEF à l’abandon du Palyvestre, ainsi que les terrains alentours (friches agricoles ou non, loisirs impactants ,occupations économiques tolérées, parkings non règlementés..) , le tout objet d’une OAP dans le PLU actuel.  

Intitulé « Grand Jardin filtrant des eaux de la ville » ce projet avait été proposé en 2019 dans le cadre d’un appel à idées de la Région SUD PACA pour des Prix  de l’innovation biomimétique « cf  vue perspective 2 ci-dessous ».

 PERSPECTIVE GRAND  JARDIN FILTRANT 2019.jpg

UNE CONCLUSION (FORCEMENT PROVISOIRE!)

Dans un cas comme dans l’autre ces deux stratégies complémentaires pour éviter le rejet par un émissaire en mer me sembleraient pouvoir s’inscrire dans ce secteur-clé du littoral hyérois, dans le cadre d’une stratégie globale d’économie circulaire et d’aménagement bio-inspirés.

Enfin, elles me semblent surtout conformes aux voeux exprimés par les inspecteurs de l’Etat et à l’avis du Conservatoire du littoral s’agissant de privilégier, dans ce site classé et le Projet Grand Site, des solutions lowtech moins impactantes pour la nature (et l’humain !) que certaines solutions lourdes qui seraient avancées dans le seul objectif du « sauvetage » du tombolo ouest dans sa configuration géologique actuelle.