Pour donner suite à la conférence du CML du 28 avril, « Que peut faire la littérature face à l’insoutenable ? » nous proposons de revisiter les ouvrages des éditions de MALTAE sous cet angle de leur contribution à résister et inviter à l’imagination.

Le CML est né comme un carrefour de résistance dans les heures sombres de Toulon et poursuit son travail, redoublant la vigilance nécessaire du moment. En conclusion du cycle 2025 sur le pouvoir de l’imaginaire, la conférence lundi dernier de Myriam Watthee-Delmotte, professeur à l’Université catholique de Louvain où elle a fondé le Centre de Recherche sur l’Imaginaire, avait un titre bien trouvé :

                                          « L’imaginaire, mode d’emploi du monde »

Après une introduction appuyée sur les citations de Hannah Arendt, et la référence donnée par le titre d’un ouvrage de Jean Noel Jeannenay « Une idée fausse est un fait vrai »  (publié chez Odile Jacob en 2000), la conférencière proposa de passer en revue, à grands renforts de citations Trois modes d’efficacité de l’imaginaire, efficacité cognitive, éthique et politique, et celle de la résistance anxiolytique et protectrice

Nous avions découvert et fait circuler en 2019, au retour de la Biennale d’Architecture de Venise son petit ouvrage publié chez Verdier,  » nos cabanes » : la force de la figure de la noue, pour dessiner les chemins de l’eau et les arts et techniques de la conduite des eaux, de l’échelle du bâtiment à l’échelle du territoire.

C’est avec bonheur que nous découvrons son ouvrage de 2024  » Respire »

L’eau , l’air, oiseaux …

Myriam Watthee-Delmotte rappelle que, dans ses réflexions sur les blocages de la pensée dans « la formation de l’esprit scientifique », Gaston Bachelard dit que « l’imaginaire de la matière l’emporte sur celui de la forme » et qu' » il faut que toutes les valeurs tremblent… une valeur qui ne tremble pas est une valeur morte »;

Cet imaginaire, Hannah Arendt le voit « comme un rempart, parce qu’il empêche de devenir de fonctionnaires  du mal »; le philosophe Henri Bauchau propose dans « l' »écriture à l’écoute » de « planter une objection dans le champ du malheur »; Nelson Mandela, lui disait que « La plus grande gloire  n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute » et que « Le gagnant est juste un rêveur qui n’a jamais cédé »

« Avoir découvert des œuvres auxquelles nous n’adhérons pas nous ont affermi, aguerri, confirmé dans notre certitude du besoin d’aller chercher ailleurs », et le philosophe Jean Philippe Pierron confirme que  « l’horreur de ce que l’homme peut faire en appelle  à l’honneur de ce que l’homme doit faire »

Martha Nussbaum , elle, définit la littérature comme  « un réservoir d’émotions  et d’expériences », un  préalable pour aider la compassion et l’empathie contre la peur. Nuccio Ordine  dans son « Utilité de l’inutilité » (Pluriel) plaide pour ces savoirs inutiles, leur capacité à aider à « Résister pour rester sur la voie de la dignité »; pour Sylvie Germain, La fiction peut réinsuffler de l’Energie,  de la lumière de l’inédit quand on s’embourbe  dans la médiocrité ( Magnus)

Encore Hannah Arendt : ‘Les hommes, bien qu’ils doivent mourir, ne sont pas nés pour mourir mais pour innover et Laura  El Makki  argumente sa « petit éloge  de l’imagination » avec ce témoignage « Je sais ce que je dois à l’imagination  de n’avoir pas péri » 

Pour Nancy Huston, dans L espèce fabulatrice, chez actes sud, la fiction engage une action intérieure qui permet d’actionner une puissance de défiguration, c’est à dire de pouvoir expérimenter autrement

Dans son ouvrage  » du texte a l’action », Paul Ricoeur définit l’imagination comme la faculté du possible pratique. Imaginer c’est éveiller son monde pour éveiller le monde. Poser que le monde des possibles laisse une chance à l’inventivité et que ainsi « l’immonde ne peut pas gagner »…

Nourris de cet objectif commun d’une littérature propre à résister à l’insoutenable et à inviter à l’inventivité, et dans les pas de Jules Verne pour qui l’attention à la réalité du présent était le fondement de sa capacité d’anticipation, nous nous proposons en mai de revisiter l’œuvre éditoriale du territoire littéraire et sensible de MALTAE sur cet axe d’une lecture du réel, pour imaginer l’avenir.

Chaque jour de mai, et de ce « en mai, lis ce qu’il te plait« , dans l’ordre ou dans le désordre, nous vous présenterons un titre, un extrait, un commentaire.

EDITIONS MALTAE : CATALOGUE 2025

ligne éditoriale :

Créée en 1995, Mémoire à lire, territoire à l’écoute, au statut d’Association Loi 1901, est un outil au service d’une culture du territoire partagé(e), qui s’est donné pour but la mise en valeur culturelle du territoire par celle de son patrimoine architectural, urbain et paysager. Les Editions MALTAE assurent depuis 1998, à l’attention d’un public large ou spécialisé, la diffusion publique de ses travaux  à travers des colloques, des débats publics, expositions, ateliers thématiques, films ; deux collections s’attachent particulièrement  aux archives du territoire et  à lire et écrire le paysage.

Au cœur de son travail, trois axes : Celui de l’exploration du temps- de ces différentes échelles, du quotidien, de l’histoire et de la prospective, Celui du paysage habité : derrière les lieux, les hommes qui les ont produits et qui y vivent, Celui d’une approche anthropologique qui se refuse à dissocier nature et culture.

Archives textuelles, photographiques ou orales et œuvres contemporaines déclinent une approche sensible du territoire entre arts et sciences.

  • L’église Saint-Louis de Marseille, une Mémoire en devenir, ouvrage collectif sous la direction de Jean-Claude GAUTIER, mars 2020
  • Etienne JUILLARD, le Var et les Maures, entre histoire et géographie, recueil d’articles 1957-2006, rassemblés par Michèle JUILLARD et Odile JACQUEMIN, 2015  
  • Deux siècles d’histoire d’un paysage entre terre et mer, Hyères de 1748 à nos jours, Odile JACQUEMIN, 2012
  • Projet urbain et paysage littoral, quel projet pour la ville et la rade d’Hyères ?  Odile JACQUEMIN, 2008
  • Traits de côte, arpents de mer, carnet de bord d’une expérimentation de Gestion Intégrée des Zones Côtières, ouvrage collectif dirigé par Odile JACQUEMIN et Jean Louis PACITTO, photographie Jean BELVISI 2008
  • Les Maures et l’Esterel de Pierre FONCIN, réédition, préface de Odile JACQUEMIN, carnet photographique de Jean BELVISI, 2008
  • Tamaris de George SAND, réédition, préface et annoté de Nathalie BERTRAND, illustrations Hélène DAUGA 2008
  • Paysage révélé, la Provence verte, catalogue d‘exposition photographique Jean BELVISI, 2007
  • Pour un écomusée européen du patrimoine industriel de l’entre terre et mer, catalogue d’exposition, 2006
  • Quel jardin de l’entre terre et mer, entre nature et culture, entre Europe et Méditerranée ? ouvrage collectif, dirigé par Odile JACQUEMIN, Jean-Louis PACITTO et Christine SANDEL, actes du colloque des Bormettes, 2001
  • Nouvelles d’une ville, le Valde et autres lieux d’Hyères, ouvrage collectif, dirigé par Odile JACQUEMIN, 2001
  • Hyères, une ville en images, Odile JACQUEMIN, 1999
  • Territoires littéraires, Hyères-les-palmiers, des Iles à la ville, Catherine BERRO, Odile JACQUEMIN, illustrations Hélène DAUGA, 1998

Romans et poésie  

Où vont nos mots d’amour ? Marcel ZARAGOZA, 2022

  • Le petit jardinier, Christian DENTAL DE GIE, 2011
  • Chute d’une noisette, Christian GIRIER, 2010

Diffusion

  • Paul Turc
  • Petites morts de Thierry Bartoli
  • Eaux et Fontaines du Var de Odile JACQUEMIN, photos Noel MINNEBOO
  •  

Films de la collection « retour sur site »

  • La terre vue de la mer, 1000 km de côtes, de la Camargue à l’Italie  Philippe TERRAIL, , Jean BELVISI,  Odile JACQUEMIN, Jean-Louis PACITTO 2024
  • Maurice SAUZET et le collège Guy de Maupassant, à Garéoult, Philippe TERRAIL, Odile JACQUEMIN, Jean-Louis PACITTO, 2022
  • ANAGRAM et son architecte Bertrand LECLERCQ – Retour sur site, histoire d’un habitat groupé pionnier à Villeneuve d’Ascq (Fr)  Philippe TERRAIL, Jean BELVISI,  Odile JACQUEMIN, Jean-Louis PACITTO 2019
  • Un maitre d’œuvre et son ouvrage, Robert JOLY et le Lycée agricole de Tulle Naves, Christian GIRIER, Odile JACQUEMIN, Jean-Louis PACITTO, 2013
  • Paroles d’agriculture, portraits d’agricultrices, Philippe TERRAIL, , 2015Odile JACQUEMIN, Jean-Louis PACITTO
  • Les bassins d’orage de Vitrolles avec Jean Ecochard , 2014 de Philippe Terrail
  • Jean PIANA, patron du Laborieux, un homme et son métier, Ch. GIRIER, O. JACQUEMIN, Jean-Louis PACITTO 2006
  • Habiter les pentes du littoral varois : Jean-Louis VERET et le village du Merlier ; Jean AUBERT et André LEFEVRE au Gaou Bénat, Christian GIRIER, Odile JACQUEMIN, Jean-Louis PACITTO 2004

Expositions

  • Eaux et fontaines du Var, 1997
  • Pour un écomusée européen du patrimoine industriel de l’entre terre et mer, 2006
  • Paysage révélé, la Provence verte, catalogue d‘exposition photographique Jean BELVISI, 2007
  • Traits de côte, arpents de mer, carnet de bord d’une expérimentation de Gestion Intégrée des Zones Côtières, ouvrage collectif dirigé par Odile JACQUEMIN et Jean Louis PACITTO, photographie Jean BELVISI 2008