Visite de l’église Saint Louis, Marseille

A l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, venez découvrir l’église Saint-Louis à Marseille (1935). Inscrit au titre des Monuments Historiques et bénéficiant du label « Architecture Contemporaine Remarquable » du Ministère de la Culture, le monument est identifié comme « l’édifice du culte catholique le plus intéressant construit à Marseille au XXe s. » (C. Massu).

Jean-Claude Gautier, qui a assuré la direction de l’ouvrage collectif sorti en 2020 sur l’édifice, en proposera des visites en continu le samedi 16 septembre 2023 de 14h à 18h30 ainsi qu’une vente sur place de l’ouvrage. 

PUBLICATION en vente sur place, dans les librairies de Marseille ou chez l’éditeur Éditions MALTAE.org (maltae2@gmail.com) / 128 pages, plus de 110 illustrations dont certaines inédites / format 21×28 cm / 25 euros TTC / ISBN-13 978-2-912433-19-0

Jean-Claude Gautier a su conduire une équipe pluridisciplinaire de chercheurs et artistes hautement qualifiés pour la réalisation d’un ouvrage d’une grande qualité scientifique et artistique avec une iconographie remarquable, à la hauteur du caractère exceptionnel de l’édifice. On se prend à rever que la visite du pape, prévue à Marseille en septembre puisse faire le détour par le 20 chemin de Saint-LOuis au Rove dans le 15e arrondissement! une visite qui serait utile sans doute à aider aux importants travaux de consolidation et de restauration que le bâtiment attend de toute urgence.

Textes : Claude Massu, Christine Breton, Samia Chabani, Anaëlle Chauvet, Marina Sanchez, (Association Ancrages), Sophie Audibert, Robert Maumet, Eve Roy, Laurent Noet, Christine Blanchet, Georges Tortel, Jean-Claude Gautier, Laure Van Ysendyck.

Photos : Patrick Box, Léopold Farfantoli, Pierre-Michel Gautier, Xavier de Jauréguiberry, Olivier Liardet, Florence Portemer

Ce qu’en dit Christine Blanchet, auteure du chapitre  » le pavé de verre, une technique au service de l’art et de l’architecture

« À Saint-Louis, tout est mis en œuvre pour donner du sens au message social et spirituel des années 1930. L’église incarne un bel exemple de la syntèse des arts de cette période où l’engagement d’une génération d’artistes a su renouveler l’art d’Eglise. »

Ce qu’en dit philippe Terrail, un vidéaste admirateur du monument

L’église Saint Louis de Marseille (1935)

1935, quartier Saint Louis de Marseille. Une église blanche jaillit de terre entre les entrepôts, les minoteries, les huileries, les savonneries, dans cet arrondissement ouvrier du nord de la ville. Sa tour-clocher immaculée montant vers le ciel rivalise avec les cheminées d’usine qui l’environnent. L’église Saint-Louis se veut un phare dominant la mer dans ce quartier de 15.000 âmes. « Perdus au milieu d’une masse populaire indifférente, nous devons être les missionnaires dans cette masse », tel est le vœu de l’évêque Maurice-Louis Dubourg, lorsqu’il confie la construction d’une nouvelle église à l’abbé Pourtal. L’ancienne église Saint Louis, du XVIIème siècle, ne peut accueillir que 300 fidèles, il en faut une plus grande pour réunir les chrétiens de ce quartier peuplé d’immigrés espagnols, arméniens, portuguais et Italiens. En ce lieu, où dit-on Saint Louis, après avoir débarqué à Hyères, fit une étape au retour de croisade, il faut trouver un terrain. Un pentagone de terre de 1000 m2 est donné, enclavé entre les usines, mais insuffisant pour y bâtir un édifice en forme de croix latine. L’architecte Jean Sourdeau relève le défi et dessine une vaste nef circulaire surmontée d’un dôme, qui du ciel peut évoquer, en plus modeste, la Sainte Sophie de Constantinople. Nef de Saint-Louis traversant les mers, tout dans ce navire, dont la proue est l’archange Gabriel et la poupe le Christ au tabernacle, évoque le saint roi et son périple en terre lointaine, d’où il rapporta la couronne d’épine du Christ. L’originalité de la construction en béton armé -une audace pour l’époque – les sculptures monumentales de la façade et de la flèche – exécutées en béton frais en six heures de temps par le sculpteur Carlo Sarabezolles ! – les vitraux en pavé de verres, les fresques du chemin de croix et les affiches représentant l’union des ouvriers, tout concourt à faire de cette église un lieu chargé d’histoire chrétienne et sociale et le chef d’œuvre de l’architecture religieuse du XXème siècle à Marseille.

Le plan de l’église est simple. Le parvis se situe sous la tour, il se prolonge par le narthex, puis la nef, l’autel et une chapelle dédiée à la vierge côté rue. Dans le narthex et la chapelle se trouvent les vitraux en béton translucide ou pavés de verre, dédiés à Saint Louis. Leur lumière évoque les pierres précieuses et apparente l’église à une châsse aux reliques.

Le lustre en ferronnerie qui pend de la coupole, au centre de la nef, est une gigantesque couronne d’épine illuminée. Les fresques de Jac Martin-Ferrières aux teintes douces et lumineuses, illustrent les 14 stations du chemin de croix en se déployant en une frise circulaire au bas des murs de la nef. De la vaste coupole, la lumière filtre à travers 40 hublots de verres où sont incrustées des lettres qui composent le « Gloria in excelsis Deo ». De part et d’autre de l’autel, au-dessus du chemin de croix, on est frappé par les deux fresques monumentales de style de propagande marxiste. Copies d’images pieuses de calendrier, elles ont été peintes sur du papier marouflé par des affichistes de cinéma. Elles nous rappellent le passé social de l’église, qui, fait unique en France, accueillit cinq prêtres-ouvriers.

Dans une rue sans âme, vouée aujourd’hui au passage incessant des voitures, au milieu d’un quartier post-industriel, l’église et son gigantesque Christ en croix sur sa façade, son archange Gabriel de 9 mètres de haut érigé dans le ciel, tenant la couronne d’épine, apparaît dans sa blancheur lumineuse, au milieu du chaos urbain, comme un symbole d’espérance et de fraternité universelle. Pour s’en convaincre, il faut rappeler que c’est dans la crypte de l’église que se réunirent les familles de sans-logis organisant les squats et qu’eurent lieu les réunions des « castors », ces bâtisseurs apôtres de l’autoconstruction à l’origine des lotissements ouvriers.

Nef bravant le temps et les tempêtes séculaires, l’église pourrait n’être bientôt plus qu’un navire en perdition, attendant de sombrer. Le béton s’effrite, les feuilles de bitume du dôme ont fondu, la brique sous le béton se fragilise. Construite avec des matériaux de qualité médiocre, faite pour durer 100 ans (jusqu’en 2035 !), l’église risque de ne pas survivre sans d’importants travaux de consolidation. Un appel aux dons a été lancé.

Ce qu’en dit la Maison de l’architecture et de la ville

Le quartier Saint-Louis dans le 15e arrondissement de Marseille possède une église exceptionnelle au 20 chemin de Saint-Louis au Rove.

Sous l’épiscopat de Mgr Dubourg (1928-1936), l’abbé Gabriel Pourtal initie le projet qui remplace l’ancienne église. Il sollicite l’architecte Jean-Louis Sourdeau (1889-1976), auteur de l’église Notre Dame de Rocquigny (1929-1932) pour concevoir ce chef d’œuvre du patrimoine architectural marseillais encore méconnu dont la structure et la voûte sont réalisées en béton armé selon les procédés Hennebique.

Cette église, réalisée entre 1933 et 1935, s’inscrit dans un projet de rechristianisation d’un quartier fortement industrialisé à la population étrangère importante. Cette volonté de reconquête des fidèles passe par cette imposante réalisation architecturale où prend place un ensemble iconographique extérieur et intérieur conséquent : un Christ crucifié, des anges adorateurs et un archange Gabriel monumentaux de Carlo Sarrabezolles, un bas relief de Sainte-Fortunée de Louis Botinelly, un Chemin de croix de Jac Martin-Ferrières, des pavés de verre comme vitraux autour du roi Saint Louis et un luminaire en forme de couronne d’épines. L’association la Fraternité Saint-Louis a été créée en 2004 pour la défense et la sauvegarde de l’église et de ce patrimoine.

Après guerre, deux affiches monumentales ont été installées de part et d’autre du chœur et entre 2000 et 2013, les deux seules œuvres religieuses de Vasarely et de son fils Yvaral (Le Christ et Saint-Pierre) y ont séjourné de 2000 à 2013 et plus près de nous une peinture de La Sainte Trinité de Maria del Carmen Villaveces.

Église inscrite sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1980 – Label « ACR / Patrimoine XXe » en 2001

Pour aller plus loin,  https://www.francebleu.fr/culture/patrimoine/l-eglise-saint-louis-a-marseille-le-naufrage-de-l-eurydice-1614965100